COMMENT VA LE MONDE ? l'innocence comme arme (24/07/15)

Difficile de retranscrire la musicalité de la langue de Marc Favreau, clown-philosophe, connu sous le nom de SOL. SOL joue avec les mots, remplace une expression par une autre, avec un parophone, en ajoutant un préfixe ou suffixe ; les géniteurs absents deviennent "les transparents", chez le psychiatre on "psy-cause" et "la colle" permet d’apprendre à lire et à écrire. Au fil des mots, les problèmes évoqués s’amplifient, jusqu’à traiter de la "bière froide". Quand "les serviettes frappent, l'amnésique se fâche".
Ce texte, un peu daté quant aux événements qu’il traite, pousse à réfléchir sur le désenchantement du monde moderne, et comment la poésie incarne une force positive pour sortir de la "répression nerveuse". Car derrière ces mots innocents, se cachent de véritables armes de réflexions massives. Ce spectacle illustre particulièrement comment, derrière une innocence feinte, le clown est un outil hautement politique.
Sur scène, Marie Thomas parvient avec humour, à relever le défi des mots qui peuvent s’avérer difficiles à comprendre, tellement ils défilent. Pour y parvenir, elle s’approprie cette image de clochard cabossé, déjà imaginée par SOL lui-même. Enfin, la mise en scène intelligente de Michel Bruzat, conduit plus loin que le simple  questionnement du spectateur. C’est la place du clown toute entière qui est ici mise en perspective : le public assiste aux entrées et aux sorties de scène, ainsi qu’aux interrogations de la comédienne avant qu’elle ne devienne le personnage. Ainsi, les mots ont un sens accru, car ils sont habités de la volonté que l’acteur a de les donner. 

Hadrien Volle


Comment va le monde ? D’après les textes de Marc Favreau, mise en scène de Michel Bruzat, avec Marie Thomas.
Théâtre des Carmes-André Benedetto, tél : 04 90 82 20 47, jusqu’au 26/07



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