PASSION SIMPLE - Femme possédée (22/07/15)

Le texte d’Annie Ernaux, porté à la scène par Marie Matheron sous la direction de Jeanne Champagne, nous ouvre à l’intimité d’une femme pour nous faire toucher du doigt combien la passion est une maladie… délicieuse. Etre tournée de tout son être vers un homme au point de ne plus vivre de la même façon, être habitée, obsédée, s’espérer aimée, vivre toute sa vie orientée, ordonnée aux appels téléphoniques, aux rendez-vous, aux attentes impossibles et fébriles… Et trouver du goût à tout cela. Quel spectateur ne serait pas en empathie avec un tel personnage !
Dans sa chambre, en déshabillé de soie noire, la très belle comédienne Marie Matheron tourne autour de son lit et laisse très doucement s’écouler les flots de mots d’Annie Ernaux. D’une voix sans artifice, sensuelle, elle dit ce que la passion a fait d’elle : l’esclave d’obligations, d’interdits, de devoirs voluptueux. Sans en prétendre les sentiments, elle revendique la possession de tout son être par un homme. Un propos qui décortique le processus de la dépendance amoureuse, liste une collection de ses symptômes forts, pour en trouver le point de délivrance lorsque le désir se change en douleur. On se laisse émouvoir par les propos de cette femme en mal de confidences. Le texte d’une femme, joué par une autre femme, mise en scène par une troisième. Les messieurs n’ont qu’à se mettre à l’écoute !

François Varlin

Passion simple, d’Annie Ernaux. Mise en scène : Jeanne Champagne. Avec Marie Matheron.
Théâtre le Petit Louvre, Avignon, 04 32 76 02 79
Jusqu’au 26 juillet, à 12h30


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