L'ANALPHABETE - exquise (17/07/15)

Difficile, lorsque l’on est une jeune hongroise dévorée par la passion de la lecture, de se retrouver dans la peau d’une refugiée en Suisse, incapable de lire et d’écrire le premier mot dans la langue de ce pays d’accueil. C’est ce que l’écrivaine Agota Kristof a vécue, devenue par la force des circonstance analphabète à 21 ans, et que Catherine Salviat partage dans un seule en scène attachant. Petite dame sèche en jupe longue et veste de velours grenat, elle parle de son enfance, de son appétit de lectures, de sa famille, de la mort de Staline, de la fuite de Hongrie vers l’Autriche, de son arrivée en Suisse… Pour celle à qui le français a été imposé par les événements, l’expérience de ne savoir ni lire ni écrire dans un pays nouveau a été une épreuve majeure, surmontée brillamment. Devenue écrivain à succès dans une langue d’adoption, reconnue, récompensée : voilà la plus belle revanche. 
Sans étalages de sentiments, sans rancoeurs, pudique et réservée, la comédienne joue ce rôle à la première personne avec une délicatesse infinie et une pointe d’accent dans la voix. On aime sa façon gourmande de se délecter de son texte, de projeter les mots choisis vers le public. Autour d’un grand paravent de plexiglass, telles les pages géantes d’un livre feuilleté sur lequel sont projetés des mots, des images, la comédienne raconte cette vie avec simplicité. Pleine de charme, elle est tout simplement exquise.

François Varlin

L'Analphabète,

De Agota Kristof. Mise en scène : Nabil El Azan. Avec Catherine Salviat.
Théâtre des Halles
Jusqu’au 26 juillet à 14h
04 32 76 24 51

Photo : Ifou pour le pôle Média



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