Critique - Moi, Daniel Blake : De l’écran à la scène - Avignon Off - (19/07/19) 

C’est au cœur d’un carré délimité par quatre traits blancs au sol que Joël Dragutin propose sa version théâtrale du scenario du film – Palme d’or à Cannes – de Ken Loach. Un ring pour que se joue cette lutte contre la machine à broyer administrative de personnes en situation de précarité. Une tragédie pour des êtres poussés dans leur chute par un système qui devrait les aider ; des gens sur le fil du rasoir, sans droits ou en fin de droits, drames humains face à la rigidité des services sociaux. Les comédiens de Joël Dragutin sont autour du plateau, y pénètrent avec un accessoire ou une tenue pour chaque scène, se retirent dans l’ombre au tableau suivant. Une distribution d’excellence – Jean-Yves Duparc est un saisissant Daniel Blake notamment – pour un texte percutant dont Dragutin signe l’adaptation. Précision des gestes, clarté du phrasé, sincérité de l’interprétation, rarement le théâtre a été si réel. Sur fond d’un large écran où sont projetées des photos noir et blanc, le drame se noue, se joue, nous tient en haleine. Un spectacle d’une grande force au rythme sans faille qui lève en nous un élan de compassion et d’indignation. Et qui sait, peut-être, de solidarité…

François Varlin

Moi, Daniel Blake
D’après le film de Ken Loach, sur un scénario de Paul Laverty. Adaptation et mise en scène Joël Dragutin. Avec Jean-Louis Cassarino, Jean-Yves Duparc, Sophie Garmilla, Aurélien Labruyere, Stéphanie Lanier, Fatima Soualhia Manet et Clyde Yeguete (photo ©-Jean-Michel-Rousvoal)
Théâtre des Halles, Rue du Roi René, 84000 Avignon, 04 32 76 24 51
jusqu’au 28 juillet à 16h30, relâche les 16 et 23 juillet.