Critique - Sous d'autres cieux : L’énergie du désespoir - Avignon In - (07/07/19) 

Sous d’autres cieux, c’est l’Enéïde de Virgile que revisite à sa façon Maëlle Poésy. Enée, courageux combattant de la guerre de Troie, est contraint suite à la défaite des troyens de fuir sa ville. Il part avec son fils, son vieux père et quelques amis sans savoir que son exil va se prolonger des années durant poursuivi par la fureur de Junon, femme de Jupiter. Lorsqu’il se posera enfin à Carthage où il retrouvera l’amour dans les bras de Didon, Mercure le messager des Dieux viendra encore l’en chasser… C’est cette fuite sans fin, faisant de lui un apatride éternel que raconte le spectacle, l’espoir à chaque arrêt de trouver une nouvelle terre, le désespoir de devoir toujours en partir et l’énergie de ne jamais lâcher grâce à l’amour qu’il porte à son père et à son fils. Sur scène, cette fuite est représentée par des chorégraphies technos qui galvanisent les comédiens autant que le public. A aucun moment, le voyage d’Enée, pourtant provoqué par une malédiction, n’est ressenti comme un mouvement épuisant. C’est toute la force de ce spectacle de ne pas chercher à donner de leçon, bien que l’analogie avec notre époque toujours instable soit évidente. Et puis il y a les textes sublimes à entendre qui réchauffent l’âme, particulièrement le magnifique discours de Didon accueillant Enée à Carthage.

Hélène Chevrier

Sous d'autres cieux, de Kevin Keiss, d'après Virgile, mise en scène Maëlle Poésy (@JL Fernadez)
Cloître des Carmes, Place des Carmes 84000 Avignon
du 6 au 14 juillet, à 22h, relâche le 9




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