Critique - Ibsen Huis, maudite baraque ! - Avignon In - (17/07/17)

Si la scénographie de la pièce de Simon Stone nous émerveille, magnifique maison de bois et de verre posée sur un plateau tournant, ce qui s’y passe nous rempli d’effroi. Une maison donc, que l’on regarde vivre durant plus de cinq décennies, théâtre de drames familiaux, conjugaux, écrin de secrets affolants et de traumatismes incommensurables. Stone compose une saga familiale avec pour matériau les personnages d’Ibsen et les fait vivre, tel un démiurge, dans cet espace clos. Une œuvre entièrement nouvelle qui n’a pour références au dramaturge norvégien que ces caractères en lutte avec leur destin. Le spectateur s‘écrase le nez aux fenêtres pour percer les mystères de ces êtres, n’entre jamais sauf par le regard, conscient que les traumatismes des protagonistes ne pourront jamais guérir que par la mort. Volontairement très déconstruite, la pièce présente un ordre chronologique bouleversé en trois actes : le paradis, le purgatoire et l’enfer. Il faut saluer la performance de ces onze comédiens qui incarnent les rôles à différentes périodes, dans divers lieux de la maison, espace forcément difficile à appréhender pour demeurer en parfaite cohérence avec le reste de la troupe. Travail de précision horlogère, la mise en scène hyperréaliste de Simon Stone émeut, impressionne, saisit. Elle passe haut la main l’écueil de la difficile intelligibilité, quand le puzzle proposé trouve sa cohérence avec le temps. La maison tourne, tourne, n’en finit pas de tourner sur elle-même, dévidant ainsi le fil ininterrompu de ces existences blessées.

François Varlin

Ibsen Huis (La Maison d’Ibsen)
Maudite baraque !
Texte et mise en scène : Simon Stone.
Dramaturgie et traduction : Peter van Kraaij.
Musique : Stefan Gregory.
Scénographie : Lizzie Clachan.
Lumière : James Farncombe.
 Costumes : An D'Huys.
Avec : Claire Bender, Janni Goslinga, Aus Greidanus jr., Maarten Heijmans, Eva Heijnen, Hans Kesting, Bart Klever, Maria Kraakman, Celia Nufaar, David Roos, Bart Slegers.
Avignon, Cour du Lycée Saint Joseph, jusqu’au 20 juillet à 21h



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