Critique - Le Sec et l’humide, confondre l’histoire par la voix - Avignon In - (11/07/17)

Guy Cassiers s’attaque, dans ce monologue adapté d’un texte de Jonathan Littell, à une figure importante de l’extrême droite Européenne, Léon Degrelle. Le metteur en scène analyse, découpe et déconstruit le discours. Peu à peu, la prose scientifique de l’historien se confond avec les affirmations fascistes de Degrelle, comme pour l’envahir, à la façon des formules employées par les politiciens extrémistes contemporains qui ne s’intéressent qu’à leur expérience du réel et non plus à la vérité factuelle.
La représentation prend la forme d’une conférence feutrée, avec rétroprojecteur, écran plat et magnétophone que le comédien utilise à sa guise. L’expérience se porte principalement sur la lecture de La Campagne de Russie de Degrelle. L’historien illustre, en nous faisant écouter certains passages, la construction de la personnalité fasciste à travers l’utilisation de la langue et notamment le recours à l’utilisation de termes opposés, comme le « sec » et l’« humide ». 
A la façon d’une véritable leçon, le propos est passionnant. En revanche, présentée comme la prouesse technique du spectacle, l’association avec l’IRCAM pour travailler sur le mélange des voix n’est pas particulièrement impressionnante, tout juste très bien faite pour les oreilles des non-spécialistes. Le fond prend le pas sur la forme, mais personne dans le public ne s’en plaindra ! 

Hadrien Volle

Le Sec et l’humide, de Jonathan Littel, mise en scène Guy Cassiers. Avec Filip Jordens et la voix de Johan Leysen (photo RDL)
Festival d’Avignon, L’Autre Scène du Grand Avignon, avenue Pierre de Coubertin, 84270 Vedène
Du 9 au 12 juillet


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