Critique - Unwanted, polyphonie du viol - Avignon In - (08/07/17)

Dorothée Munyaneza veut parler des femmes qui vivent le viol comme arme de guerre dans les zones de conflits partout dans le monde. Pour se faire, elle débute à l’échelle de son histoire. Elle a fuit le Rwanda en guerre lorsqu’elle avait 12 ans. Depuis, elle est allée à la rencontre de celles qui en portent encore les stigmates. 
On entend les témoignages détaillés, l’émotion des femmes victimes et la relation avec le fruit de leur malheur : un fils ou une fille qui porte les traits de l’assaillant. A la voix de ces survivantes s’ajoute celle d’Holland Andrews qui, jouant avec son sampler, multiplie les cris et les larmes, mais crée aussi la poésie et la douceur, nécessaires pour continuer à vivre. Dorothée Munyaneza danse, se meut, transmet la rage que ces situations lui inspirent mais elle fait cela avec une grande maîtrise, une finesse qui rend le spectacle d’autant plus frappant.
Le propos est limpide et les images n’ont rien de durablement choquant. « Unwanted » est de ces créations qui arrivent à pousser le public à regarder l’horreur du monde en face, tout en soulignant le pardon. Celui-ci est tellement présent dans la musique et certains gestes – malgré l’inscription « no apology » visible sur scène – que le public est amené à se sentir plus fort pour intégrer ces horreurs à son histoire, afin de ne jamais être tenté par l’oubli.

Hadrien Volle 

Unwanted, conception et chorégraphie de Dorothée Munyaneza. Avec Holland Andrews, Alain Mahé, Dorothée Munyaneza. 
Du 8 au 13 juillet au Festival d’Avignon, Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 58 rue de la République, 30400 Villeneuve lez Avignon. Réservations au 04 90 14 14 14.
 


Facebook