Critique - L’Ombre de la baleine, allez donc grandir avec ça ! - Avignon Off - (12/07/17)

On se tromperait si on prenait le spectacle de Mikael Chirinian pour un one man show. Un show ? Assurément. One man ? Aussi, il est seul. Pourtant le comédien nous emporte dans un univers théâtral sans équivalent. Une saga sur une partie intime de lui-même qu’il confronte adroitement à l’histoire de Moby Dick, le célèbre roman d’Herman Melville paru en 1851 ; une manière pudique de mettre de la distance avec une blessure. Car L’Ombre de la baleine est une pièce bâtie sur une douleur d’enfance à laquelle la fable vient apporter éclairages, clé de lecture, invitation au dépassement. Nous connaissons tous l’histoire de cette lutte entre la capitaine Achab à bord de son baleinier et le monstre marin Moby Dick… C’est un peu celle de Mikael. Sa vie tangue comme un bateau avec pour équipage la famille et pour prédateur, sa sœur. Pour se raconter, il se crée un double, une marionnette au regard à la fois vide et tellement intense que l’on en frémit. Avec une scénographie simple et surprenante, tout est prêt pour nous bouleverser. Mikael Chirinian est ce grand comédien que le défi de la solitude sur le plateau n’effraie pas. Il mime, change sa voix et ses attitudes lorsqu’il se glisse dans la peau de sa mère, de son père, de sa sœur, joue lestement de l’élégance de son corps… A lui-seul multiple, il nous emmène dans la féroce histoire de sa vie.

François Varlin

L’Ombre de la baleine, inspiré de Moby Dick d’Herman Melville. De et avec Mikael Chirinian. Mise en scène Anne Bouvier. Co-auteur Océanerosemarie / scénographie Natacha Markoff  / création marionnette Francesca Testi (photo WilliamK)
Avignon, Théâtre de la Condition des Soies, 04 90 22 48 43
du 7 au 30 juillet à 11h


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