Critique - Saigon, une poésie étouffée par la longueur - Avignon In - (11/07/17)

Dans Saigon, Caroline Guiela Nguyen a la volonté de montrer comment une histoire personnelle se raconte de bout en bout dans un restaurant vietnamien. Dans cet espace très réaliste, des cuisines aux tables jusqu’à la petite scène pour les chanteurs improvisés, défilent des vies entières qui s’étendent entre 1956 et 1996, entre Saigon et Paris. Au fil des décennies, les personnages évoluent, connaissent l’exil, l’absence, le retour…
Si la proposition s’avère intéressante, puisque la metteure en scène travaille sur un chapitre de l’Histoire de France peu connu du grand public, elle se perd malheureusement dans une écriture qui assemble des longueurs extrêmes pour très peu de contenu. Les échanges entre les personnages peuvent contenir de très nombreux détails sans importance (du temps qu’il fait à ce qu’ils ont déjeuné le midi), mais l’essentiel, comme le déracinement et la douleur, est masqué par une dignité toute asiatique.
La recherche d’un temps long n’est pas forcément le gage d’un mauvais spectacle. Mais ici, l’étendue artificielle, pour ne rien dire, est confiée pour l’incarnation à des acteurs trop superficiels. Caroline Guiela Nguyen, avec un sujet passionnant, ne partage finalement avec le public ni histoire, ni idées, ni émotions.

Hadrien Volle

Saigon, écriture et mise en scène de Carolina Guiela Nguyen, avec Caroline Arrouas, Dan Artus, Adeline Guillot, Thi Truc Ly Huynh, Hoang Son Lê, Phu Hau Nguyen, My Chau Nguyen thi, Pierric Plathier, Thi Thanh Thu Tô, Anh Tran Nghia, Hiep Tran Nghia. photo RDL
Festival d’Avignon, Gymnase du Lycée Aubanel
du 8 au 14 juillet 2017, puis en tournée durant la saison 2017-2018


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