Critique - Antigone, les pieds dans l’eau - Avignon In - (07/07/17)

Rafales d’applaudissements à la fin du spectacle d’ouverture du 71e festival d’Avignon. Mais aussi départ précipité d’une partie du public. La vision d’Antigone par Satoshi Miyagi ne saurait plaire à tout le monde car elle se replie plus vers les codes habituels de la troupe qu’elle ne se rapproche du langage de la tragédie grecque. La scène de la Cour d’honneur est couverte d’eau : dans ce lac qui évoque le fleuve des morts se détachent quelques îlots et surtout un rocher au sommet duquel se place Antigone. Tous les acteurs sont dans des tenues blanches striées de traits gris. Chacun des rôles principaux est tenu par deux comédiens : celui (ou celle) qui fait les gestes, celui  (ou celle) qui dit le texte – la personne qui fait la voix pouvant être assez éloignée de celle qui joue les mots. C’est, finalement, le principe de la marionnette : le chant intérieur vient d’ailleurs. Les autres interprètes constituent le chœur, qui, comme leurs partenaires plus importants, se déplacent les pieds dans l’eau, et les musiciens qui, derrière les xylophones et les tambourins, restent à l’arrière-scène ou se mêlent aux mouvements de groupe. Esthétiquement, c’est très beau, surtout dans les tableaux aux allées et venues processionnelles. La dernière scène où Antigone (son apparence, celle qui ne parle pas) descend de son rocher pour rejoindre le cercle des Thébains est tout simplement splendide. Mais les gestes, les attitudes, les projections des ombres sur la muraille sont d’une utilisation assez scolaire. Antigone n’est plus qu’une estampe japonaise. 

Gilles Costaz

Antigone, de Sophocle, texte japonais de Shigetke Yaginuma, mise en scène de Satoshi Miyagi, avec Maki Honda, Micari, Kazunori Abe, Kouichi Otaka. 
Cour d’honneur du Palais des Papes, Avignon, 04 90 14 14 14
jusqu’au 12 juillet



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