critique - Saison sèche : Patriarcat en lambeaux - Avignon In - (23/07/18)

Saisir et déstabiliser. Dès le premier tableau de Saison sèche, les deux objectifs de Phia Ménard sont pleinement remplis. Allongées, nues, jambes écartées, elles sont sept sous la menace d’un espace qui les enserre. Dans la pénombre, avec moins d’un mètre de hauteur de plafond, ces femmes sont assujetties au rang de corps mouvants, soumises aux règles de cette maison patriarcale : au moindre signe émancipateur de leur part, la sanction tombe et leur espace vital se réduit encore un peu plus. Pour enrayer cette mécanique infernale, le groupe décide d’utiliser la force du collectif, de créer un rituel quasi-tribal, capable de venir à bout de cette prison.
Visuellement décoiffant, Saison sèche ruisselle d’une détermination joyeuse, alimentée par cette soif de vengeance intime vis-à-vis de l’oppression masculine. Parfois caricatural, réduisant la masculinité à ses traits les plus grossiers, le spectacle dégage une puissance ravageuse. Pour poursuivre son « cycle de l’eau et de la vapeur », Phia Ménard est allé chercher la dernière goutte de sueur de ses sept performeuses qui brillent toutes par leur engagement. Il n’en fallait pas moins pour détruire un système de domination millénaire. 

Vincent Bouquet

Saison sèche
(Patriarcat en lambeaux)
Conception et dramaturgie Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault
L’Autre Scène du Grand Avignon – Vedène
Festival d’Avignon, 04 90 14 14 14
du 17/07 au 24 juillet