critique - Certaines n’avaient jamais vu la mer : Eldorado perdu - Avignon In - (24/07/18)

Leur histoire commence comme une ruée vers l’or. Attirées par les fausses promesses de leurs futurs maris déjà installés aux Etats-Unis, des milliers de Japonaises ont décidé, au début de XXe siècle, de rejoindre le continent américain. En lieu et place de l’eldorado tant convoité, elles découvrent un  quotidien fait de travaux ingrats et de viols conjugaux, d’une culture occidentale qu’elles ne comprennent pas et d’une société qui les ghettoïse, avant de les faire disparaître, comme un seul bloc, après l’attaque de Pearl Harbor.
Pour sortir leur calvaire de l’ombre, Julie Otsuka a écrit un roman, Certaines n’avaient jamais vu la mer, que Richard Brunel a choisi d’adapter en une pièce de théâtre chorale. Accompagnées par quatre hommes, elles sont huit comédiennes à porter, avec délicatesse, la voix de ces femmes aux destins brisés. Chloé Réjon en tête, chacune apporte son fragment personnel pour recomposer une histoire collective. Un brin répétitif, ce schéma narratif est dynamisé par le ballet scénographique orchestré par Anouk Dell’Aiera. Malgré la performance finale en demi-teinte de Nathalie Dessay, il donne un élan singulier à ces témoignages qui émeuvent dans leur unité et leur diversité.

Vincent Bouquet

Certaines n’avaient jamais vu la mer
de Julie Otsuka, mise en scène Richard Brunel
Cloître des Carmes, Festival d’Avignon, 04 90 14 14 14
du 19 au 24 juillet


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