Critique Off : Un songe plein de fantaisie

Cette forêt magique ressemble furieusement à l’Ile de la Réunion. Un volcan n’est pas si loin, des paniers de paille font office de valise, les personnages se baladent avec des feuilles de palmier ou des poupées de raphia et la magie, ici, a tout de la magie noire. Mais l’essence du conte reste la même. Des personnages aux prises avec leurs désirs et leur sentiment amoureux sont le jouet de sortilèges et du pouvoir, le théâtre dans le théâtre fait merveille (et le mythe de Pyrame et Thisbée joyeusement revisité). On a vu souvent Le songe d’une nuit d’été adapté, trituré, parfois malmené ou incompris. Le metteur en scène Eric Bouvron, qui signe l’adaptation avec Vincent Roca et Elena Michielin-Flamminio conserve le squelette du texte, le rebaptise Un songe, façon de marquer son humilité face à l’œuvre, de s’en affranchir, mais sans la délester de sa féérie et de sa fantaisie.
Tout, ici, réjouit : le jeu des acteurs (apprentis tout juste sortis de Lakademi Komidi, académie de théâtre née à l’initiative du formidable festival de théâtre Komidi, aux talents divers mais dont la troupe forme une belle alchimie), l’ambiance qu’ils installent (entre jeu bondissant et bruits d’animaux), la mise en scène et en lumières. Créé à La Réunion en avril dernier avant de clore le Mois Molière et d’arriver à Avignon, ce Songe invite au voyage, et enchante jeunes et moins jeunes spectateurs qui se lèvent comme un seul homme au baisser de rideau.