Critique In : Les Incrédules - Les audaces de Samuel Achache

Avec Les Incrédules, Samuel Achache présente un spectacle hors-normes, audacieux, étourdissant. D’abord par son histoire : une jeune femme, au moment où on lui annonce la mort de sa mère, voit celle-ci passer le seuil de son appartement, rajeunie de trente ans. Est-ce un fantôme ? Une vision ? Une hallucination ?
Sur la forme, cet opéra moderne réunit 50 musiciens de l’Orchestre national de Lorraine dans la fosse et qui jouent la partition superbe de Florent Hubert, tandis que sur le plateau un petit orchestre de jazzmen mené par Antonin-Tri Hoang fait entendre une musique plus dissonante, plus rythmée. Le dialogue et les alternances entre ces deux univers fonctionnent formidablement.
Ce qui retient surtout l’attention, c’est la manière très originale d’entrelacer dialogues et moments chantés. Ici, on n’est ni dans Jacques Demy, ni dans Damien Chapelle (La La Land). Samuel Achache a su inventer une forme originale, où le chant peut surgir de manière inopinée, parfois seulement sur quelques phrases.
L’histoire progresse de manière poétique. On ne voit pas très bien où Samuel Achache nous embarque. Il est question d’un miracle dans une église, d’un petit os, le rocher, que l’on retrouve dans le cœur de sa mère après une analyse. Des choses bouleversantes et âpres sont dites sur les rapports entre une mère et sa fille. Les décors s’envolent avec grâce. Comme dans une tapisserie, les motifs hétérogènes de ce monde enchanté mais cruel finissent par révéler leur signification quand la pièce apparaît dans sa globalité. On se réjouit qu’il soit encore possible aujourd’hui de créer des œuvres aussi folles et aussi ambitieuses.