OFF : Fiodor Dostoïevski, le démon du jeu
Patrick Chesnais joue Dostoïevski enchaîné - (13/07/2014)

Fiodor Dostoïevski était un homme malheureux. Tiré vers le haut par son obsession de Dieu, vers le bas par une addiction maladive au jeu, il parcourait l’Europe en accouchant péniblement de ses écrits, risquant la ruine à chaque instant. C’est sa correspondance avec ses proches que Patrick Chesnais dévoile dans une lecture-spectacle dont le mérite est de nous faire rencontrer l’homme avant le romancier. Un homme qui joue et rejoue, gagne, perd et reperd, et se confesse dans d’innombrables lettres, suppliant de se faire envoyer de l’argent. Menacé de prison pour dettes, contraint de mettre en gage jusqu’à ses vêtements et son alliance, son second mariage ne calmera ni sa fureur du jeu, ni sa fascination pour les casinos et la "maudite roulette".
Patrick Chesnais – sans être au mieux de sa forme – campe un Dostoïevski à bout de souffle et de force, bientôt rejoint par Beata Nilska, que l’on retrouve avec plaisir dans le rôle de sa jeune épouse. Entre deux écrans blancs, une table et trois chaises, Isabelle Rattier à la mise en scène n’a pas fait de prouesses. Si la lecture du texte n’est pas vraiment maîtrisée, l’interprétation fait mouche tant ce personnage multipliant les promesses de s’amender, de rembourser, de ne plus recommencer, comme un enfant rongé de remords, nous touche.

François Varlin

Fiodor Dostoïevski, le Démon du jeu, mise en scène d’Isabelle Rattier, d'après l'adaptation de Virgil Tanase, avec Patrick Chesnais et avec Beata Nilska
Théâtre Actuel, 80 rue Guillaume Puy, 04 90 82 04 02, à 19h05