Occupation de l’Odéon : seconde nuit - (06/03/21)

Jeudi 4 mars, des intermittents issus de la manifestation organisée place de la République pour réclamer la réouverture des lieux culturels ont investi le théâtre de l’Odéon. Une action portée par plusieurs syndicats (CGT-Spectacle, Syndicat des cirques et compagnies de création, Société des réalisateurs de films), mais aussi par des intermittents non syndiqués. William, régisseur-son en fait partie. Il a bien voulu répondre à nos questions.


Théâtral magazine : Quel organisme représentez-vous ?
William :
Je ne représente absolument pas la CGT-spectacle, je ne suis pas syndiqué. Je suis régisseur son et intermittent, donc je travaille dans plein de lieux différents. Et avec nous, il y a beaucoup d’autres intermittents non syndiqués.

Quel est le but de votre occupation de l’Odéon ?
Il y a plusieurs problèmes. D’abord le fait que la Culture soit à l’arrêt nous touche directement puisqu'on ne peut pas travailler. Il y a une année blanche qui a été adoptée l’année dernière mais elle va bientôt arriver à son terme et pour l'instant il n'est pas prévu de la renouveler. Donc il n'y a pas d'horizon au-delà de cette année blanche pour les intermittents du spectacle. Et au-delà du secteur du spectacle, il y a un problème beaucoup plus général sur l'assurance-chômage, avec une nouvelle loi qui est entrée en vigueur concernant l'assurance-chômage et qui prévoit un milliard d’euros d'économies sur le dos des chômeurs. Cette fois s'applique à tout le monde et au moment où on a le plus besoin de cette protection avec la crise sanitaire que l'on connaît. On se bat vraiment pour tous les précaires. Et malheureusement la crise ne fait qu’allonger la liste des précaires.

Combien êtes-vous dans l’Odéon ?
On est actuellement une soixantaine de personnes mais on bénéficie du soutien de gens qui travaillent à l’Odéon et qui sont solidaires, qui sont venus avec nous dans les AG pour discuter. Il y a une porosité totale entre l'Odéon et nous. On a les mêmes revendications.

Vous allez passer une seconde nuit dans l'Odéon et peut-être d’autres nuits. Que demandez-vous concrètement ?
On a plusieurs revendications mais à court terme, on demandait qu’une commission nationale du spectacle soit organisée. On l'a obtenue mais comme c'est un problème qui ne concerne pas uniquement l'assurance-chômage du spectacle, Roselyne Bachelot n’a pas toutes les cartes en main et on demande à ce que Jean Castex qui a les leviers nécessaires à nos revendications en fasse partie. Comme pour l’instant il n’accepte pas d'intégrer cette commission, on reste là en espérant que cela va changer.

Le théâtre étant à l'arrêt, même s’il y a en ce moment à l'Odéon une répétition du Ciel de Nantes, le spectacle de Christophe Honoré, votre occupation ne dérange personne…
On a conscience de ça et d’ailleurs, on n'est pas dans une volonté de gêner. Mais notre intervention nous permet aussi de nous organiser, de nous rencontrer et d'avoir un lieu de travail commun. Cela nous offre aussi une couverture médiatique ; aujourd'hui beaucoup de médias se sont relayés pour parler de ces sujets et c'est une manière pour nous de prendre la parole. On n'est pas dogmatiques, on est assez pragmatiques on essaie de gagner des choses qui nous sont favorables. Et s'il faut partir de l’Odéon, on partira ; on ne compte pas s'épuiser non plus.

Dans quelles conditions passez-vous la nuit dans l’Odéon ?
Pour l’instant on dort par terre. On essaie de ne pas trop dormir dans l'espace scénique parce qu’il y a des comédiens, et des professionnels qui travaillent sans masque, parce que pour les besoins de leur métier, ils ne peuvent pas l'avoir tout le temps. On essaie de respecter au maximum les normes d'hygiène : on garde tous les masques sauf quand on dort, mais dans ce cas, on est bien séparés les uns des autres. C'est rudimentaire, mais on bénéficie de beaucoup de solidarité. Il y a des gens qui nous ont apporté des duvets, des couvertures…

Stéphane Braunschweig, le directeur de l’Odéon, vous soutient-il ?
Pour l'instant, on a rencontré que l'administratrice (Bethânia Gaschet, ndlr) mais pas encore le directeur. Cela devrait avoir lieu ce soir. On voulait que cette rencontre ait lieu avec les comédiens et l'équipe artistique du Ciel de Nantes.


Propos recueillis par Hélène Chevrier


Photo : L'Odéon © Théâtral magazine



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