Critique Off - Viril(e.s) - La loi du genre
C’est un spectacle qui rappelle, à bien des égards, le diptyque orchestré par Julie Bérès, Désobéir ou La tendresse. Le premier, porté par une bande de filles, le second par une bande de gars. Ici, une nouvelle fois avec Viril(e.s) un texte contemporain né de témoignages collectifs qui interroge la masculinité, la féminité, la loi du genre. Les pièces féministes et politiques ont le vent en poupe, dans un grand mouvement de libération de la parole. Devant une large reproduction du tableau Patrocle de Jacques-Louis David, cinq interprètes sur scène, sous la houlette de l’autrice metteuse en scène Marie Mahé. Quatre actrices, un acteur flanqué d’une longue perruque blond platine. Capucine, Garance, Mégane, Sofia et Justine se racontent. L’homosexualité de l’une, les désirs de l’autre, les rôles qu’on assigne, ceux qu’on joue, les entraves, la quête de liberté. Il y a tout cela dans ce spectacle, grand succès en 2023, de retour au 11 cette année. Si la fragmentation du récit apporte parfois un côté chaos mal orchestré, ou que l’avalanche de décibels peut parfois saturer, il y a chez cette équipe une énergie revigorante, un propos qui frappe, des adresses qui bousculent, un humour saillant. Quelques séquences qui marquent : Deborah Dozoul entonnant Si j’étais un homme de Diane Tell, suscitant une émotion puissante ou incarnant une jeune fille qui tient tête à un groupe d’ados débridés et insultants, Sofia Harmoumi rappant, poing levé ou Capucine Gourmelon faisant, livrante, son coming-out à sa mère, ne suscitant qu’un sourire joyeux.
Nedjma Van Egmond
Dans le OFF
Viril (e.s), de Marie Mahé, avec Akrem Hamdi, Capucine Gourmelon, Déborah Dozoul, Sofia Harmoumi et Justine Raphé. 11 Avignon, jusqu’au 24 juillet, à 16h20