L’éducation artistique et culturelle ne doit pas rester un détail! - (26/03/22)

En ces temps compliqués de campagne présidentielle, l'ANRAT (Association Nationale de Recherche et d'Action 
Théâtrale) adresse une tribune à l'attention des différents candidats : 


"Depuis plusieurs années, les questions de politiques culturelles semblent avoir perdu de la visibilité. C’est l’alerte que Robert Abirached lançait dès 2018 : "La réflexion sur la notion de politique culturelle, son évolution, la place qu’elle tient dans l’art contemporain s’est interrompue, surtout chez les politiques (Propos recueillis par Catherine Robert, Journal La Terrasse, 2020)".
Nous ne pouvons que constater combien la politique culturelle, en particulier dans sa dimension d’éducation artistique et culturelle, est très peu présente dans la sphère médiatique en ces temps de campagne présidentielle. Pourtant, la situation mériterait de vrais questionnements, de vraies réflexions, des pistes de réponses, des horizons. La guerre qui frappe l’Europe en plein cœur ne doit pas nous faire oublier ce qui est précisément aux fondements de l’identité européenne. L’art et la culture ne sont pas des préoccupations secondaires, cerise sur le gâteau quand on a parlé d’économie ou de relations internationales. La qualité, la diversité et la place d’une éducation artistique et culturelle engagent l’avenir.
Et il y a urgence ! La pandémie que nous vivons depuis plus de deux ans a amplifié les risques de délitement social que nous voyons à l’œuvre : segmentation du public, réception de plus en plus individuelle de l’art et de la culture, marchandisation des œuvres et parfois même des outils de leur réception. Par ailleurs, les inégalités de territoire se sont accentuées, dans l’éloignement des services public, renforçant ainsi les difficultés à envisager l’avenir. Tout cela devrait conduire nos politiques à regarder de près l’héritage que l’histoire leur transmet et à savoir se situer précisément par rapport à lui. Les deux grandes époques de politique culturelle que furent celle de Malraux (années 1950-60) puis celle de Lang (années 1980-2000) doivent être assumées à l’aune des réalités du monde actuel.
Dans ce contexte, la jeunesse mérite que nous sachions, collectivement, accompagner ses espoirs et ses angoisses autrement que par une approche matérialiste et consumériste. L’éducation artistique et culturelle, dans ses fondements humanistes, demeure très vivace en France. L’ANRAT en est le témoin, et l’acteur. En atteste la demande conjointe du milieu enseignant, du milieu théâtral et du secteur associatif, très forte et très motivée. Les récents moments de réflexion initiés par l’ANRAT en ont encore apporté la preuve (Voir le site de l’ANRAT https://anrat.net). Mais cette demande se heurte à certaines difficultés, résultats d’hésitations politiques en matière de modèle de politique culturelle.
Sont en jeu l’avenir de l’éducation artistique et culturelle autant que l’avenir de la formation des jeunes. Il faut inscrire l’éducation artistique et le parcours culturel des élèves au cœur des dynamiques de transformation du système scolaire, dont l’urgence est reconnue par tous, en évitant d’en faire un élément périphérique et une variable d’ajustement.
Tous les citoyens de ce pays sont donc en droit de se poser ces questions. Ils attendent des prétendants à l’élection présidentielle qu’ils sachent leur apporter des pistes de réponse, nourries, informées, en prise sur le réel, et donc porteuses d’avenir."

Le bureau et l’équipe de l’ANRAT

En photo : Robert Abirached (1930-2021)

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