Critique Off. Une belle inconnue : Odyssée du quotidien - (11/07/21)
Le dispositif est simple, presque humble, et le spectacle n’est que jeu. Dans les locaux de la MAIF (devenus théâtre pour la circonstance), sous des néons blancs de bureaux, c’est bien la banalité du quotidien qui sert de toile de fond à ce monologue féminin. Femme simple, victime consciente d’une condition de maman en rupture, soucieuse et blessée... la jeune femme est belle, élégante, elle sort du travail, va à la piscine et croise la route d’un jeune adolescent Ivoirien. Cette rencontre avec l’inconnu du hasard se colore de leur flamme littéraire. N’ont-ils pas en commun une passion pour la mythologie grecque et le cycle des Argonautes ? Il y a du Médée chez cette femme, du Jason chez ce jeune homme. Ces deux-là deviennent les héros modernes de nos banlieues et dans leurs songes, les choses les plus prodigieuses peuvent advenir au cœur de la banalité crasse d’une journée comme les autres. La comédienne Eurydice El-Etr, que nous avons vue en distribution alternée ce jour-là, excelle à décrire le ressenti du quotidien, et de sa voix modulée nous emmène pour ce voyage au pays des gens simples qui aspirent à l’extraordinaire. Le dispositif bi-frontal fait penser à une embarcation que la comédienne fait voguer au fil de ses évocations. Un spectacle confidence qui réveille les mythes et les fait accourir au secours de nos pauvretés.
François Varlin
François Varlin
Une belle inconnue, texte et mise en scène Nicolas Kerszenbaum, avec Eurydice El-Etr (du 9 au 17), Marion Bottollier (du 18 au 26)
Théâtre du Train Bleu, 40 rue Paul Saïn 84000 Avignon, 04 90 82 39 06, du 9 au 26 juillet à 13h30 – Relâches 5, 22 juillet
Photo : Une belle inconnue © Thomas Pendzel