Critique Off. Premier amour : l’amour en solitaire - (14/07/21)

Jean-Quentin Châtelain excelle dans l’art du monologue. Il retrouve ce texte de Beckett qu’il avait interprété en 1999, déjà sous la direction de Jean-Michel Meyer. Même immobilité assise sur une vielle chaise grinçante de bureau, même vieux chapeau sur les oreilles. Rien d’autre. Ici on n’entend que Becket dit par Châtelain, et Châtelain dire Beckett. Cette diction si particulière, cette façon de faire durer les phrases avec un appétit consommé, cette logique imperturbable au fil de phrases interminables, ce parlé lent qui sait ménager les qualités littéraires du texte. L’histoire de ce personnage ectoplasmique tombé en amour, à sa manière, d’une femme prostituée prend forme peu à peu après de longues digressions et des descriptions avancées. Celui qui nous parle est maître dans l’art de l’analyse précise de chaque détail, Beckett l’a voulu s’amusant de la langue pour ce premier texte écrit en français en 1945. L’homme nous enferme peu à peu dans son système de pensée, dans ses raisonnements, ses descriptions triviales du réel. Beckett est cash. Jean-Quentin Châtelain aime cela. Il sait nous toucher, venir susciter notre compassion pour le pauvre bougre qu’il interprète. On passe 1h30 délicieuse.
François Varlin


Premier amour, texte de Samuel Beckett, mise en scène Jean-Michel Meyer,v aec Jean-Quentin Châtelain
Théâtre des Halles, rue du Roi René 84000 Avignon, 04 32 76 24 51, du 7 au 30 juillet à 11h - Relâches : 13, 20, 27 juillet


Photo : Premier amour © Dr


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