Critique Off - WEBER A VIF - et en liberté
C’est un plaisir de voir un grand acteur en liberté, bondissant de textes en textes, passant de Devos à Duras, improvisant, chantonnant, d’humeur souvent espiègle, voire farcesque, et donnant à voir toute la palette de son art . Jacques Weber est entouré de deux musiciens auxquels il fait une grande place, l’harmoniciste-showman Greg Zlap (qui fut celui de Johnny Halliday) et l’accordéoniste Pascal Contet. Dans certaines séquences Weber se fait volontiers acteur-commentateur. Par exemple dans la déclaration d’amour de Cyrano à Roxane avec ce vers, où il épingle, attendri, la petite scorie d’un grand génie : « Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot ». « ça fait un peu caniche, non ? ». Un peu plus tard, il dissèque un autre monument de la littérature, « il neigeait », sublime poème de Hugo sur la retraite de Russie. Cette fois, il rend justice à Hugo, à sa simplicité bouleversante dans le vers « on n’avait pas de pain et on allait pieds nus ». Espiègle, enjoué, imitant ici ou là Jouvet ou Laurence Olivier, Weber retrouve sa gravité pour le moment le plus fort du spectacle : une lecture toute en retenue d’un texte méconnu de Marguerite Duras (info qu’il oublie de donner au public) Le coupeur d’eau. Ecrit à partir d’un fait divers des années 80, ce texte annonce les ravages du libéralisme et nous parle avec quarante ans d’avance du monde d’aujourd’hui.
Jean-François Mondot
Weber à vif, avec Jacques Weber aux mots, Pascal Contet à l’accordéon, Greg Zlap à l’harmonica
La Scala Provence, 3 rue Pourquery Boisserin 84000 Avignon, 04 65 00 00 90, du 7 au 29/07 à 19h30 (sauf 10, 17 et 24/07)
https://lascala-provence.fr