Critique In - LE JARDIN DES DELICES : folie douce

Le jardin des délices est un incroyable tableau peint en 1503 par Jérôme Bosch et visible au musée du Prado à Madrid. Il s’agit d’un immense triptyque représentant schématiquement le Paradis, l’humanité pécheresse et l’Enfer, avec quantité de détails, de symboles, de visions dans une imagerie mystérieuse et surréaliste. Philippe Quesne, dont on connaît le talent de plasticien et scénographe, s’est emparé de cette œuvre pour la traverser et la réinterpréter avec huit comédiens de sa compagnie. Au centre de la scène, un œuf géant autour duquel ils viennent déambuler, déposer leurs offrandes, partager leurs prières, lire des poèmes, déclamer des textes sans queue ni tête, jouer de la musique, danser à corps perdus. Ils nous parlent tour à tour de leur humanité respective, et ensemble, ils nous parlent de notre Humanité, celle des origines, celle en construction et celle en devenir. Inspiré des allégories prémonitoires du tableau de Jérôme Bosch, Philipe Quesne a construit un voyage dans le temps d’hier à aujourd’hui, et verse même dans la science-fiction pour les temps à venir. Mais au delà du simple intérêt de ce voyage, on est surpris par la douceur de la mise en scène qui entre musique et voix chuchotées, nous enveloppe et nous emporte. Nous aussi avons envie de participer à cette vaste fresque retro futuriste et d’y amener notre humanité et notre folie douce. L’humour aussi est au rendez-vous, on y retrouve la dimension surréaliste du tableau originel, avec un récit à la fois décalé et absurde, original et fantaisiste, qui célèbre l’infinie puissance de notre imaginaire. Heureux ceux, qui comme nous, ont fait ce beau voyage dans la carrière de Boulbon. Le Paradis y était doux, le Déluge menaçant, l’Enfer bon enfant, et l’Avenir s'est esquissé dans le minéral des parois de la carrière.
 
Enric Dausset
 
Le jardin des délices,
conception, mise en scène et scénographie Philippe Quesne
avec Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Sébastien Jacobs, Elina Löwensohn, Nuno Lucas, Isabelle Prim, Thierry Raynaud, Gaëtan Vourc’h
Carrière de Boulbon, jusqu’au 18 juillet, à 21h



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