Le Britannicus masqué de Robin Renucci - (30/07/20) 

Ce Britannicus, mis en scène par Robin Renucci (une production des Tréteaux de France) est l’une des premières pièces montées dans le respect des nouvelles normes sanitaires. Comme les spectateurs, les comédiens sont masqués. Et l’on s’y fait très bien. D’abord on s’accroche à la voix, qui n’est pas déformée. Et ensuite on envisage plus globalement le jeu des comédiens, lesquels pour dépasser l’écran du masque utilisent toutes les ressources expressives de leurs yeux, de leurs gestes, de leurs corps. Comme Louise Legendre, admirable et émouvante Junie, exprimant sa douleur de perdre Britannicus par un frémissement de tout son être. Les spectateurs perçoivent toutes les nuances de leur jeu aussi parce qu’ils sont placés au plus près des comédiens. Passé un court temps d’adaptation, on goûte pleinement la version de Robin Renucci. Il a fait de Néron (Tariq Bettahar, excellent) une sorte de racaille mafieuse, arborant une grosse chaîne en or autour du cou. Personnage terrifiant mais à la fois fragile : on le manipule de tous côtés (sa mère Agrippine, le serviteur Narcisse) en jouant sur son besoin d’être aimé. Car c’est bien pour s’émanciper de sa mère autant que pour conquérir Junie qu’il aime mais qui est fiancée à Britannicus, que Néron va s’engager sur la route du meurtre et de la tyrannie. A la fin de la pièce, il montre son vrai visage. Robin Renucci a eu une idée simple et géniale : il lui fait tomber le masque, au propre comme au figuré. L’encombrante pièce de tissu devient ainsi un accessoire décisif de sa mise en scène. 
Jean-François Mondot

Trappes, du 26 au 29 août

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